Un outil largement connu mais sous-utilisé
Le Nutri-Score bénéficie d’une notoriété élevée auprès des consommateurs français, atteignant 95 % selon une étude de Santé publique France (2023). De plus, 90 % des participants affirment en comprendre le fonctionnement général. Cependant, son utilisation reste reléguée derrière des critères comme le prix, le goût ou les habitudes alimentaires. D’autre part, des applications comme Yuka utilisent le Nutri-score comme une des bases de notation.
Les consommateurs apprécient le Nutri-Score pour sa clarté et sa visibilité. Pourtant, son mode de calcul et son origine sont souvent méconnus, générant parfois une certaine méfiance.
Par exemple, seulement 35 % des personnes interrogées savent qu’il repose sur un algorithme scientifique conçu pour évaluer la qualité nutritionnelle des aliments.
Renforcer la légitimité et l’adoption
L’évolution de l’algorithme du Nutri-Score est perçue comme pertinente par les consommateurs interrogés. Cependant, il est nécessaire d’améliorer la communication autour de cet outil pour renforcer sa légitimité. Santé publique France recommande de mettre l’accent sur des campagnes pédagogiques expliquant clairement le calcul et les objectifs du Nutri-Score.
En parallèle, les critiques relayées sur les réseaux sociaux restent peu connues du grand public, mais pourraient fragiliser l’image du Nutri-Score si elles ne sont pas contrées par des messages clairs et scientifiquement fondés.
Rendre le Nutri-Score obligatoire : une solution efficace
L’étude souligne l’importance de rendre le Nutri-Score obligatoire pour encourager les industriels à améliorer leurs recettes et faciliter la comparaison des produits pour les consommateurs. Dans les pays où ce type de label est obligatoire, des améliorations notables dans la composition nutritionnelle des produits ont été observées.
Une démarche cohérente avec les attentes des consommateurs
Les participants à l’étude estiment que l’universalité du Nutri-Score renforcerait sa pertinence et son impact. En rendant ce label obligatoire, on pourrait espérer une adoption plus massive et une meilleure intégration dans les décisions d’achat.
Avis de nos diététiciennes sur le Nutri-Score et sa mise à jour en 2024
La mise à jour du Nutri-Score en janvier 2024 marque une avancée importante pour guider les consommateurs dans leurs choix alimentaires. Nos diététiciennes constatent en consultation que cet outil influence de plus en plus les comportements : les patients privilégient les produits classés A et B, tout en délaissant ceux classés D et E. Cependant, son fonctionnement reste parfois mal compris, ce qui limite son impact.
Quelles sont les améliorations apportées en 2024 ?
La nouvelle version du Nutri-Score prend en compte des critères plus variés, avec un système d’attribution de points :
- Points négatifs : liés à la quantité d’énergie, de sucres, de graisses saturées et de sel.
- Points positifs : attribués en fonction de la proportion de fruits, légumes, légumineuses, fibres, protéines (et viande rouge).
De nouveaux produits ont également été inclus, comme les boissons lactées, végétales et fermentées, qui sont désormais mieux différenciées des aliments solides.
Un changement majeur concerne les édulcorants, qui entraînent désormais des points négatifs. Cela pénalise notamment des produits comme les boissons édulcorées ou certaines céréales, qui bénéficiaient auparavant de bonnes notes (A ou B).
Les limites du Nutri-Score
Malgré ces évolutions, le Nutri-Score présente encore des lacunes :
- Les additifs et la liste des ingrédients ne sont pas pris en compte. Un produit peut être bien noté malgré une longue liste d’additifs.
- Les portions ne sont pas évaluées. Par exemple, les huiles, pourtant riches en bons nutriments comme les oméga-3, sont mal notées parce qu’elles sont jugées sur une consommation de 100 grammes, ce qui est irréaliste. Cela induit parfois en erreur, avec des patients qui pensent que les huiles sont à éviter.
Enfin, l’absence d’une obligation légale reste un frein majeur. Certaines grandes marques comme Coca-Cola, Mondelez ou Ferrero refusent d’adopter le Nutri-Score, car leurs produits seraient souvent mal classés (D ou E).
Un outil perfectible mais utile
Pour nos diététiciennes, le Nutri-Score reste un outil précieux pour sensibiliser les consommateurs à l’importance de l’équilibre alimentaire. Bien qu’il ne soit pas parfait, sa mise à jour en 2024 représente un réel progrès pour guider les choix vers des produits plus sains. Cependant, une réglementation rendant son affichage obligatoire et des ajustements sur les critères comme les portions ou les additifs pourraient encore renforcer sa pertinence.
Source :
Santé publique France. (2023). Perception, compréhension et utilisation du Nutri-Score dans l’objectif d’informer sur l’évolution de son algorithme : Une étude qualitative française. Récupéré de : https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/nutrition-et-activite-physique/documents/enquetes-etudes/perception-comprehension-et-utilisation-du-nutri-score-dans-l-objectif-d-informer-sur-l-evolution-de-son-algorithme.-une-etude-qualitative-francais