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Le paysage du système de santé Français va-t-il changer ? Dans l’ère post COVID et Ségur de la santé, les publications actant une révolution à venir pullulent depuis quelques mois. Rien n’est cependant moins sûr. Car sans modification structurelle de notre conception du soin, ou à minima du parcours de soins, les grandes annonces santé se limitent à une enveloppe financière pour les soignants ainsi qu’à des directions, d’intentions ou d’investissements, pour les autres secteurs.
La question de la capacité française à faire face à autant de malades sur une courte période n’a échappé à personne pendant la crise du COVID19. Pourtant, un autre danger, qui mobilise les spécialistes depuis une dizaine d’années, s’est imposé dans la conscience collective : les maladies liées aux habitudes de vie happeront des millions de personnes, dont des millions de Français, dans les établissements de soins.
D’après l’OMS, 60 % des maladies seront liées aux modes de vie en 2030. A la clé : une saturation qui se comptera en années et non plus en mois pour les établissements de soins, sans compter la saturation en période de crise.
Plus que la capacité à faire face aux urgences sanitaires, c’est toute la hiérarchie des capacités stratégiques de notre système de santé actuel qui est à revoir. Mais c’est aussi notre conception du soin.
Les 4 capacités stratégiques de notre système de santé
Aujourd’hui fondé sur un système curatif, le modèle de santé Français doit répondre à quatre capacités stratégiques :
– La capacité à soigner en cas de crise : capacités matérielles et de personnel, conditions d’accueil et de travail… qui concerne aussi bien les hôpitaux que les soignants dans leur ensemble (médecins, urgentistes, infirmiers…).
– La capacité à prévenir la propagation des maladies : lavage des mains, port de masques, distanciation physique (et non sociale) … en faisant adhérer rapidement et efficacement mais aussi en informant de façon sure et fiable.
– La capacité à amener le suivi à domicile : maintien des soins pour ceux qui sont à domicile, maintien du suivi des patients, maintien du contact social… Les patients chroniques et leur décrochage des soins ont fait l’objet d’alertes appuyées des professionnels de santé.
– La capacité à réduire et limiter les facteurs de risques ainsi que le nombre de malades graves, à court terme comme à long terme : 60 % des problèmes de santé sont liés à 7 facteurs identifiés, liés aux comportements santé (alcool, tabac, sédentarité…).
Ces maladies devraient exploser d’ici 2030. Le nombre de personnes en ALD devrait à lui seul doubler d’ici làCette épidémie de maladies liées aux habitudes de vie nous rend également plus vulnérables à des épidémies virales de type COVID.
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La fin du tout curatif ?
Si le COVID19 n’a pas fait apparaître de nouvelle capacité stratégique, c’est une véritable inversion des priorités qui se dessine si l’on prend toute la mesure de l’épidémie COVID : sortir du prisme curatif.
Réduire les vulnérabilités et ne plus attendre la maladie pour agir en d’autres termes, mais aussi adopter une véritable prise en charge traitant les facteurs de risques et les habitudes de vie, pour éviter les maladies tout comme pour traiter les maladies.
Car aucun investissement ne permettra à la France de faire face à 20 millions de malades (en estimation basse), si ce n’est une transformation profonde du système de santé.
Si la prévention était jusqu’alors la piste privilégiée sur le sujet, elle atteint aujourd’hui un plafond de verre, dans sa forme actuelle, qui ne permettra pas de faire face à cette urgence sanitaire.
Une transition est nécessaire, et elle implique des modifications structurelles et culturelles en matière de :
– Conception du soin
– Redistribution du rôle des acteurs publics et privés en matière de santé
Une redistribution des rôles à prévoir
2e inversion culturelle, liée à ces derniers années, et relative aux capacités stratégiques du système de santé nécessitant une réponse rapide : l’entrée involontaire des acteurs privés dans la capacité stratégique à réduire et limiter les facteurs de risques.
Alors que ces derniers (entreprises, assurances, fondations, laboratoires…) n’auraient dû être concernés en leur qualité d’employeurs et d’acteurs économiques qu’en matière de prévention (limitation de la propagation) et de QVT, ils se retrouvent désormais concernés par aux moins deux autres capacités stratégiques :
– Prévenir / réduire les facteurs de risque, notamment ceux liés au télétravail et à la sédentarité,
– Amener le suivi à domicile.
Dernière redistribution des rôles : celle de la place de l’usager dans la maitrise de son propre parcours de santé (et non de soins). Outre la gestion administrative et la maîtrise de ses données, c’est bien la fin de la réappropriation de la prise en main de sa santé qui est en jeu.
C’est aussi une bascule du lieu principal de « soins », de l’établissement médicalisé vers le domicile.