Inactivité physique des Français : une question de sémantique ?

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JO, stratégie nationale sport-santé… C’est un des sujets de l’année en matière de santé. Faire du sport, c’est la première des bonnes résolutions que les Français souhaitent adopter, quelle que soit la période (rentrée scolaire ou nouvelle année)[1]. Si le confinement a vu l’explosion de l’utilisation des applications et services en ligne de sport, la part des personnes pratiquant une activité physique régulière est restée paradoxalement constante : 36 % avaient une pratique régulière avant le confinement, 37 % en post confinement [2]. Pourquoi un tel frein alors même que les Français sont conscients des bienfaits de l’activité physique pour leur santé ? Un premier élément de réponse pourrait se trouver dans notre façon à nous, spécialistes de la santé, de parler de l’activité physique.

Le sport domine encore trop le champ lexical de l’activité physique

Il existe aujourd’hui une forme de pression sociale liée à la pratique d’un sport pour être en bonne santé. Si cette pression est en partie liée à l’amélioration des connaissances médicales sur les effets délétères de l’inactivité physique, elle est aussi induite par des diktats corporels. 

Une pression sociale à l’origine de catégories spécifiques de pratiquants : des réfractaires et des saisonniers à la pratique, pour qui activité physique rime avec souffrance et impératif esthétique.

Mais ce n’est pas là le cœur du problème. Car lorsque les professionnels de santé parlent d’activité physique pour protéger la santé, ils parlent en réalité de quatre notions :

  • L’activité physique, définie par l’OMS comme tout mouvement et/ou contraction volontaire produits par les muscles squelettiques, responsables d’une augmentation de la dépense énergétique,
  • L’exercice physique,
  • Le sport, 
  • La lutte contre la sédentarité (différente de l’inactivité physique, liée à l’exercice physique et au sport)

Des notions bien différentes qui ne sont pas forcément comprises par les Français, d’autant plus que la plupart des campagnes de communication utilisaient jusqu’à récemment une variante du « Le sport, c’est la santé ».

Or c’est l’activité physique qui est la notion la plus adaptée aux recommandations en matière de santé. Des recommandations bien ambitieuses, car elles visent à résoudre deux enjeux sanitaires sous un même étendard : la lutte contre la sédentarité et l’augmentation de l’activité physique.

Une notion, deux enjeux sanitaires

Trois leviers santé doivent être actionnés, de manière coordonnée, lorsque l’on parle d’activité physique :

  • Lutter contre la sédentarité
  • Maintenir et améliorer les capacités du système cardiovasculaire
  • Maintenir et améliorer les capacités physiques

Car travailler l’un n’annule pas les effets des autres. Selon l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps), « le seul fait d’être assis plus de trois heures par jour est déjà responsable de 3,8 % des décès, toutes causes confondues et quel que soit le niveau d’activité physique en parallèle ! »[3].

Pour compenser les effets de cette sédentarité, il faudrait même encore augmenter le temps d’activité physique, dont les recommandations sont déjà difficiles à suivre au quotidien pour la plupart des Français. Un concept difficilement entendable pour les particuliers.

Des recommandations quasi inatteignables  

2h30 par jour… C’est le temps d’activité physique qu’il faudrait pour un adulte travaillant derrière un écran aujourd’hui. Car pour compenser les effets de la sédentarité de bureau, entre 1h30 et 2h00 d’activité physique serait nécessaire.

A cela s’ajoute les 30 min par jour d’activité physique modérée cinq fois par semaine (25 min trois jours par semaine pour les activités intenses) recommandées par l’OMS.

Changer de sémantique… et de méthode

Face à de telles recommandations, et à une large confusion entre sport et activité physique, réussir à transformer durablement les comportements santé passera inévitablement par des efforts collectifs pour ancrer les différents moyens de faire de l’activité physique dans le quotidien des Français.

En transformant durablement les comportements pour plus de 70 % des utilisateurs après un an, dont la majorité place l’activité physique au cœur de leurs objectifs, nous avons amorcé des pistes vers un protocole d’accompagnement au changement de comportement.

Un protocole qui porte sur deux axes :

  • Changer la sémantique de l’activité physique afin de lever les barrières psychologiques
  • Inclure la lutte contre la sédentarité et l’inactivité physique de façon pédagogique dans le quotidien des utilisateurs afin de lever les blocages liés aux efforts et à l’emploi du temps.

[1] Selon le baromètre 2020 de la FFEPGV, 35% des Français ont mis en tête de leurs bonnes résolutions de pratiquer une activité physique, devant les loisirs et l’alimentation et pour la 3e année consécutive.

[2] Sondage Odoxa

[3] https://sante.lefigaro.fr/article/la-sedentarite-une-menace-silencieuse-pour-notre-sante/ – 2018

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