Comportements santé et santé numérique : que nous apprennent les dernières recherches ?

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Trois publications parues récemment viennent étudier l’efficacité des interventions sur les comportements santé et la santé numérique. En voici une synthèse.

Lien entre intention et comportement en santé

L’importance de la perception de l’effort

Une étude publiée dans le British Journal of Health Psychology (Maltagliati et al., 2025, PubMed 40130726) explore le fameux “intention–behaviour gap”, c’est-à-dire le décalage entre vouloir être actif et l’être réellement.

  • Résultat majeur : les individus qui perçoivent positivement l’effort physique traduisent plus souvent leurs intentions en activité réelle, en particulier pour l’activité vigoureuse. Les profils d’effort (approche vs évitement) sont des modérateurs importants et devraient être intégrés dans approches.
  • Limite : l’étude repose sur des auto-questionnaires et un suivi d’une seule semaine. Or, d’autres travaux longitudinaux (Rhodes et al., 2017, Health Psychology Review) montrent que cette conversion reste instable dans le temps.

Apports pour les applications de santé numérique

Les interventions numériques gagneraient à intégrer des modules de personnalisation selon la tolérance à l’effort, par exemple via des messages adaptés ou une progressivité dans l’intensité des exercices.

Sédentarité et travail : les apports des interventions multilevel

L’efficacité des bureaux assis-debout

L’essai randomisé Stand and Move at Work (Katzmarzyk et al., 2025, IJBNPA) a suivi 24 lieux de travail pendant 24 mois.

  • Résultat majeur : l’installation de bureaux assis-debout couplée à des actions organisationnelles et comportementales permet de réduire durablement le temps passé assis.
  • Comparaison : ces résultats prolongent une méta-analyse (Shrestha et al., 2018, Cochrane Database) qui montrait déjà une réduction significative du temps assis, mais sans preuve solide sur la durée.

Limites méthodologiques et perspectives numériques

L’absence de groupe totalement témoin empêche d’exclure l’influence de facteurs externes. Toutefois, ces données renforcent l’idée qu’un suivi numérique intégré au travail pourrait prolonger et objectiver ces changements comportementaux.

Vers une approche intégrée : le modèle 24 heures des comportements santé

Pourquoi sommeil, activité et sédentarité sont liés

Un article conceptuel publié dans le Journal of Activity, Sedentary and Sleep Behaviours (Giurgiu & Ebner-Priemer, 2025, JASSB) propose le 24-hour cognitive-affective physical behaviour model (24-HAC).

  • Concept clé : nos comportements physiques sont interconnectés dans les 1 440 minutes d’une journée. Les déterminants cognitifs et affectifs influencent activité, sédentarité et sommeil, qui en retour façonnent la santé.
  • Originalité : le modèle insiste sur la bidirectionnalité (ex. un mauvais sommeil limite l’activité, mais l’activité influence aussi le sommeil).

Comment les capteurs connectés peuvent valider le modèle

Ce modèle reste théorique, mais les technologies numériques (capteurs 24h, montres connectées) pourraient tester et valider son efficacité en vie réelle, ouvrant la voie à des recommandations personnalisées basées sur l’équilibre global de la journée.

Santé numérique : des promesses à confronter aux preuves scientifiques

Personnalisation des interventions

Les applications de santé numérique doivent tenir compte des différences individuelles et comportementales – perception de l’effort, niveau de sédentarité, qualité du sommeil – pour proposer des interventions réellement adaptées.

Suivi longitudinal et données en vie réelle

Les capteurs connectés offrent la possibilité de tester sur le long terme des modèles comme le 24-HAC, mais les preuves doivent encore s’accumuler à travers des essais contrôlés et des données longitudinales.

Conclusion : transformer la science en solutions concrètes

Les récentes avancées scientifiques montrent que les interventions visant les comportements santé ne peuvent plus se limiter à prescrire « 30 minutes d’activité par jour ». Elle doit être personnalisée, intégrée sur 24h et soutenue par l’environnement.

La santé numérique a ici un rôle décisif : transformer ces connaissances scientifiques en solutions concrètes, accessibles et adaptées au quotidien. Mais la prudence reste de mise : seule la confrontation de ces modèles aux données réelles permettra de valider leur efficacité.

FAQ – comportements santé et santé numérique

Les interventions de santé au travail sont-elles efficaces ?
Sans approche comportementale, les effets sont modestes.
Voir notre article

Qu’est-ce que l’intention–behaviour gap en santé ?
C’est le décalage entre l’intention de changer un comportement (ex. faire du sport) et la mise en pratique réelle.

Les bureaux assis-debout sont-ils vraiment efficaces ?
Oui, plusieurs études montrent une réduction du temps assis, souvent entre 60 et 116 minutes par jour de travail. Par exemple, une revue Cochrane indique une diminution moyenne de 84 à 116 minutes (première année), tandis que des revues plus récentes estiment des réductions de 60 à 90 minutes à court et moyen terme (avec des effets parfois maintenus à long terme). Toutefois, la qualité des preuves reste faible et les effets dans la durée apparaissent variables selon les contextes.
Sources : revue Cochrane 2018, revue PubMed 2024, essai Stand and Move at Work (24 mois)

Pourquoi parler d’un modèle 24 heures des comportements santé ?
Parce que sommeil, activité physique et sédentarité sont liés et doivent être analysés ensemble pour comprendre leur impact global sur la santé.

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