Changement des comportements alimentaires : quelles sont les clés de la réussite ?

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Interview avec Florence Thorez, diététicienne-nutritionniste spécialisée dans la prise en charge des troubles digestifs (MICI, SII, maladie cœliaque).

Que pouvez-vous nous dire des comportements santé des Français en matière d’alimentation ?  

Pour changer les comportements alimentaires, en France, comme en Europe, depuis plusieurs années, des programmes sont mis en place par les pouvoirs publics (PNNS 4 chez nous, Europe de la santé au niveau européen) dans l’objectif d’améliorer la santé des citoyens. Les Français prennent de plus en plus conscience du rôle important de l’alimentation, notamment en matière de santé.

Toutefois, cette prise de conscience se fait sur fond de méfiance, aussi bien vis à vis des industriels que des pouvoirs publics depuis la crise de la vache folle, en 1990. Cette crise a en effet été suivie de plusieurs autres événements qui ont marqué les français : grippe aviaire en 2003, graines germées contaminées en 2011, scandale de la viande chevaline en 2013, Bisphénol A en 2015.

Cette inquiétude vis-à-vis de la santé se traduit par une demande accrue d’informations : le consommateur veut savoir ce qu’il mange pour bien ou mieux se nourrir en utilisant des applications (YUKA par exemple), en s’appuyant sur le Nutriscore présent sur de nombreux emballages ou en regardant certaines émissions de télévision présentées par des médecins.

Le revers de la médaille pourrait être le trouble que vivent nos concitoyens, avec l’impression de recevoir des informations contradictoires et d’une « cacophonie » alimentaire. Selon une récente étude du Credoc, 74 % des Français pensent qu’il existe des risques alimentaires contre 55 % en 1995.

Les périodes de confinement de 2020 ont donné lieu à une fréquentation des circuits courts, une augmentation d’une certaine sobriété sur le plan de la consommation et au « fait maison ». Il semble évident que ces tendances ne feront que se confirmer, notamment pour des raisons économiques.

Quels sont les critères d’un accompagnement en matière d’alimentation et de santé ? 

Un accompagnement de qualité, dans l’objectif d’améliorer des comportements de santé de façon durable se doit d’être centré sur la personne.

La recrudescence des maladies chroniques (diabète, cholestérol, Sclérose en plaque…) conduit les pouvoirs publics et les soignants à envisager les soins sur le long terme et, par conséquent, à faire en sorte d’obtenir des changements de comportement de la part du patient pour qu’il devienne « acteur » de sa maladie. Le gouvernement Français a d’ailleurs, dans la « Stratégie nationale de santé 2018-2022 » indiqué comme 1er objectif « promouvoir les comportements favorables à la santé ».

La manière dont les soignants vont parler avec leurs patients de leur santé peut significativement influencer leur motivation personnelle pour changer de comportement.

C’est pourquoi de plus en plus de soignants se forment, que ce soit à l’entretien motivationnel (EM, développé dans les années 1980 par les psychologues William Miller et Stephen Rollnick) ou à la thérapie ACT (Acceptation and Commitment Therapy ) qui est une thérapie dont le modèle a été développé par Steven C. Hayes (Université du Nevada), Kelly Wilson (Université du Mississipi) aux Etats-Unis et Russ Harris  en Australie.

Tout cela parce que, comme nous le disait déjà Pascal dans ses Pensées : « On se persuade mieux, pour l’ordinaire, par les raisons qu’on a soi-même trouvées, que par celles qui sont venues dans l’esprit des autres ».

Mieux manger est la préoccupation principale des Français, avec la reprise de l’activité physique. Pourtant, peu de Français arrivent à changer leurs comportements alimentaires dans la durée. Quelles sont les clés de la réussite ?

Que ce soit en matière d’équilibre alimentaire ou d’activité physique, le plaisir est certainement la clef de la réussite pour pouvoir inscrire des changements de comportement dans la durée.

En matière alimentaire, en effet, 3 besoins fondamentaux de l’être humain (biologique, psychologique et social) sont comblés dès lors que l’acte alimentaire permet de se nourrir (besoin biologique) mais aussi de se réjouir (besoin psychologique) et de se réunir (besoin social).

La dimension psychologique (le plaisir) est particulièrement importante pour nos concitoyens, qui l’associent généralement à la notion de goût et à la convivialité. Même si l’importance accordée à la santé progresse, le plaisir à table n’est jamais très loin.

Pour ce qui est de l’activité sportive, là encore, le plaisir est au cœur du sujet :  l’activité physique augmente la production de tryptophane, substance impliquée dans la production de la dopamine. La dopamine va stimuler le système nerveux, nous apportant du tonus, un sentiment de satisfaction et de bien-être.

L’association des deux, alimentation équilibrée et activité physique régulière, vont enclencher un cercle vertueux qui pourra s’inscrire dans la durée.


Florence Thorez est diététicienne-nutritionniste spécialisée dans la prise en charge des troubles digestifs (MICI, SII, maladie cœliaque). Elle est membre du comité médical et scientifique de Vivoptim Solutions. Elle enseigne également aux jeunes qui préparent le diplôme de diététicien. Parallèlement, elle anime régulièrement des ateliers auprès de différentes populations (diabétiques, retraités, personnes précaires) en présentiel comme en distanciel et participe au développement de la CPTS (Communauté Professionnelle territoriale de Santé) à Paris dans le 13ème où elle est en charge des projets innovants.

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