D’après une étude présentée lors du congrès annuel de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD), les personnes atteintes de diabète de type 2 ont 60 % plus de risques de développer d’autres maladies chroniques. Ce risque est particulièrement élevé chez les 40-65 ans.
Le diabète de type 2 en France et dans le monde
- 1,3 milliard de personnes en souffriront d’ici à 2050
- En France, selon l’Inserm, en 2023 environ 5,6 % de la population (soit plus de 3,8 millions de personnes) faisaient l’objet d’une prescription médicamenteuse pour le diabète, dont plus de 90 % de DT2. Inserm
- La prévalence augmente en France. Selon la Fédération Française des Diabétiques, la prévalence globale du diabète est passée de 5,6 % en 2015 à 6,3 % en 2022, Fédération Française des Diabétiques
- La dernière enquête ENTRED-3 (2019–2020) montre que les personnes vivant avec un DT2 ont une moyenne d’âge de 67,6 ans. Santé Publique France
Une tendance à la comorbidité du diabète de type 2 déjà connue
D’après Santé Publique France, les comorbidités sont fréquentes : chez les DT2, l’obésité ou surpoids est présente dans environ 80 % des cas, l’hypertension dans 77,6 %, et la dyslipidémie dans plus de 60 % des cas.
Enfin, les complications cardiovasculaires (antécédent coronarien, AVC) sont déclarées chez 18,6 % et 7,8 % des DT2 respectivement.
Les leviers comportementaux (alimentation, activité physique, adhésion thérapeutique) sont souvent présentés comme des axes majeurs de prévention et de maîtrise, mais leur mise en œuvre est ardue et leur efficacité limitée en routine.
L’étude présentée lors du congrès annuel de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD) vient donc confirmer ce point.
Comportements de santé thérapies digitales pour le diabète de type 2 : résultats et perspectives
Le rôle central des comportements
La progression du DT2 est intimement liée aux modes de vie : excès caloriques, alimentation riche en sucres et graisses, sédentarité, perturbateurs métaboliques.
Le défi pour les professionnels du comportement est double : prévenir la survenue du diabète (chez les sujets à risque) et accompagner les personnes déjà diagnostiquées vers des changements comportementaux durables.
Dans la phase de prédiabète, les interventions de changement de mode de vie (ralentissement de la progression vers le DT2) ont fait la preuve de leur efficacité dans plusieurs études. Ces approches combinent réduction pondérale, alimentation, exercice.
Mais dans le contexte réel, la fidélisation aux interventions, la motivation à long terme, les déterminants socio-économiques ou contextuels (accès à des environnements favorables, savoir-faire nutritionnel, contraintes de temps, culture) limitent fortement l’impact. Les inégalités sociales jouent aussi un rôle : la prévalence du DT2 est plus élevée dans les territoires défavorisés, et le délai de diagnostic est souvent plus long dans les populations défavorisées. Inserm+1
Efficacité clinique des interventions numériques dans le DT2
Plusieurs revues récentes et méta-analyses apportent des résultats encourageants, mais nuancés.
- Une revue systématique et méta-analyse de Mengyu Li et al. (2025) a inclus 19 essais randomisés (n = 3 264) portant sur des DTx — ces interventions ont induit une réduction moyenne de l’HbA₁c de –0,54 % (IC 95 % : –0,72 à –0,36), une diminution de la glycémie à jeun et une légère réduction de l’IMC (–0,84). Pour les DT2 seuls, la réduction d’HbA₁ était en moyenne –0,66 %.
- Une autre revue (« Comparative Efficacy of Digitally Assisted Interventions for Glycated Hemoglobin Levels Among Patients with Type 2 Diabetes ») note que les interventions numériques assistées (avec supervision) sont comparativement efficaces pour abaisser l’HbA₁c.
- Dans une revue narrative de Maida et al., les auteurs distinguent les modalités d’intervention (audio, vidéo, asynchrone, combinée) et soulignent qu’il n’existe pas de supériorité nette entre elles — mais que le choix doit être adapté aux spécificités du patient (littératie numérique, disponibilité, préférences).
- Une revue umbrella (revue de revues) sur le « virtual care » dans le DT2 (63 articles retenus, 30 revues synthétisées) a conclu que 28 des 30 revues rapportaient un effet favorable sur l’HbA₁c par rapport aux soins classiques, avec une réduction moyenne de –0,37 % (IC –0,41 à –0,32).
- Enfin, une revue de Xue et al. (2025) sur les interventions de santé numériques (Digital Health Interventions, DHI) montre qu’elles améliorent significativement le contrôle glycémique chez les patients avec DT2.
Ces résultats montrent un effet modeste à modéré mais cliniquement pertinent (une réduction de 0,3 à 0,7 point d’HbA₁c), ce qui peut se traduire par des réductions de complications microvasculaires et macrovasculaires sur le long terme.
Limites, défis et biais à considérer
Cependant, plusieurs éléments doivent être gardés à l’esprit :
- Hétérogénéité des interventions et des populations étudiées
Les études diffèrent fortement en termes de durée, de contenu (coaching humain, contenu autonome), de population (âge, niveau d’éducation, maîtrise technologique). Cela rend les comparaisons difficiles. - Durée de l’effet et maintien comportemental
Certaines études montrent que l’essentiel de l’effet se produit dans les premiers mois, puis tend à décroître. Le défi du maintien à long terme des résultats (12 mois, 24 mois) reste peu documenté. - Biais de publication / sélection des participants
Les patients inclus dans les essais sont souvent plus motivés, plus alphabétisés numériquement, ce qui peut introduire un biais de sélection. Les effets dans la « vraie vie » peuvent être moindre. - Littératie numérique et inclusion sociale
L’usage optimal de ces outils suppose des compétences numériques, un accès au smartphone/internet, et une adhésion culturelle. Les populations les plus vulnérables (personnes âgées, zones rurales, faibles ressources) risquent d’être exclues ou de bénéficier moins. - Intégration dans le parcours de soins
Une application isolée ne suffit pas : l’intégration avec les professionnels de santé (médecins, diabétologues, infirmiers, coachs) est essentielle pour adapter
Ce que l’on peut retenir
- Les interventions numériques, en particulier les thérapies digitales et les modèles de soins virtuels intégrés, montrent un effet clinique modeste mais significatif, avec des réductions d’HbA₁c de l’ordre de 0,3 à 0,7 point selon les études méta-analytiques.
- Les bénéfices sont plus robustes pour des interventions de durée ≥ 6 mois, et lorsque le modèle inclut du feed-back ou du coaching clinique, pas seulement des modules autonomes.
- La clé de l’efficacité réside dans le maintien comportemental sur le long terme, la personnalisation, l’adaptation au profil numérique du patient et l’intégration.
Bibliographie sélective (diabète — revues/analyses ≤ 5 ans, accessibles)
- Ong KL. et al., Global burden of diabetes (Lancet, 2023) — contribution du BMI (~52 % DALYs). The Lancet
- Dhediya R. et al., Role of Telemedicine in Diabetes Management (review, 2022) — méta-analyse MD HbA1c −0.70. PMC
- Tang Z. et al., Interactive mobile app interventions (2024/2025 meta-analysis) — HbA1c improvements et self-care. PMC+1
- Martens T. et al., CGM improves HbA1c in type 2 diabetes RCT (2021). PubMed